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Fabien Marceau - Grand Corps Malade
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Nom : Marsaud
Prénom : Fabien
Date de naissance : 31.07.1977
Nom d'artiste : Grand Corps Malade
Catégorie : Chanteur Slam
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Chanson sur le handicap ––––– >> 6ème sens <<
Albums
 
– 2006 : Midi 20
(double disque de platine)
– 2008 : Enfant de la ville
 

Forcément tu as des périodes très difficiles, un accident qui te laisse handicapé à vie, fatalement c'est dur à accepter... C'est dur à accepter quand ta passion c'est l'informatique. C'est encore plus dur à accepter quand ta passion c'est le sport. Ta vie quotidienne est à jamais touchée. Ta passion, va falloir en changer. C'est encore plus compliqué.,,, Moi j'avais quatre membres paralysés et les médecins ne me donnaient pas beaucoup d'espoir. Au tout début, on m'avait même dit que je ne remarcherais jamais.
Ca commence par une année de rééducation. Moi, j'ai commencé à récupérer petit à petit. Et tu sais pas jusqu'où ça va aller. Bien évidemment, j'avais plein d'espoir. Pendant un an, je me suis dit, si ça reprend pourquoi pas reprendre la pratique du basket. Mais ça repart pas tout de suite. Ca passe alors par des phases difficiles d'acceptation. Le temps passant, je me suis rendu à l'évidence: je garderai des séquelles définitives. Et là j'ai compris qu'il me fallait faire autre chose. C'est clair, c'est un processus qui ne s'est pas fait en un jour, ça passe par des hauts et des bas. Mais je n'ai jamais eu de bas trop violent. Je n'ai jamais été déprimé, dépressif.
J'ai voulu rester dans le milieu du sport dans un premier temps: j'ai travaillé dans l'évènementiel sportif. Et j'ai continué mes études. J'ai eu un diplôme de management du sport.
Le passé, j'y pense souvent et ça me nourrit. C'est à dire que j'y pense mais ça ne me casse pas le moral. Je le vois avec tendresse et je me dis que j'ai eu de la chance de vivre tout ça. Et je suis content d'avoir eu mon accident à 20 ans et non à 10 ans parce que j'ai pu faire du sport comme un fou jusque là et j'ai adoré cela. Et je suis content d'avoir connu des grandes aventures sportives, d'avoir fait du basket, de connaître l'esprit d'équipe, d'avoir une connaissance très poussée au niveau du sport. Je suis content d'avoir connu tout cela. Maintenant, j'en ai fait le deuil.
J'ai gardé le contact avec le basket autant que possible et ça m'arrive encore d'aller voir des match.
Quand j'ai rencontré le slam, l'écriture a pris de plus en plus de place dans ma vie et j'ai décidé d'arrêter mon métier pour me lancer à fond là-dedans. Je pratiquais l'écriture un peu avant mon accident, un peu après mais le vrai déclic c'est passé en 2003 lorsque j'ai rencontré le slam. C'est pas l'accident le déclic au niveau de l'écriture, c'est la découverte du slam. J'avais l'habitude d'écrire des textes assez fournis mais assez courts, avec des vers et des rimes, mais avec le slam j'ai compris que ça semblait être fait pour moi.
Là où je suis, on peut dire que j'y suis arrivé à la fois tout seul, par la force de ma volonté et à la fois grâce à mon entourage, la famille, les potes, car leur présence, leur accompagnement, m'a grandement aidé.
J'ai la chance d'être aujourd'hui complètement autonome, indépendant: je me lève, je marche, je conduis... Ce que j'ai perdu c'est un peu de ma mobilité, le fait que je fatigue plus vite. Même sur mon côté gauche qui a très bien repris, je n'ai pas la force d'un homme de trente ans. Mon côté droit est très atteint, ma jambe est très faible, ma main droite bouge pratiquement pas. Malgré tout cela, j'ai appris à m'en servir et dans ma vie quotidienne, je fais à peu près tout ce que je veux. Maintenant ça fait dix ans, j'assume complètement mon handicap. Il y a des gens qui souffrent de handicaps beaucoup plus lourds que les miens mais je reste une personne handicapée.
Evidemment que je suis en lien avec des associations, je fais des ateliers dans des centres etc. vu que j'ai pu ou je peux représenter pour certains un espoir, un modèle. D'autant qu'il n'y a pas beaucoup de personnes handicapées connues. J'avais fait un texte qui s'appelait "Sixième sens" dans mon premier album et j'ai entendu un nombre de personnes handicapées incroyable qui m'ont dit à quel point ça leur avait fait du bien. Parce que c'est pareil, en terme de création artistique, on parle très peu du handicap... j'en connais une sur l'enfance handicapée de Linda Lemay "Ceux que l'on met au monde ne nous appartiennent pas" ... Du coup Sixième sens, c'est un texte qui a parlé à beaucoup de gens. Mais quand je l'ai écrit, ce n'était pas dans un sens revendicatif, de montrer à la terre entière qu'on peut être handicapé et faire de l'art, pas du tout. C'était un texte comme d'autres sur un thème forcément qui me touche comme il y en a d'autres. J'ai écrit ça, je suis monté sur scène et j'ai compris après coup qu'on pouvait voir ça comme un symbole. Mais moi je ne l'ai jamais conçu comme ça. Avant tout, j'aime les mots, j'aime faire de la scène mais je ne suis pas là pour représenter les personnes handicapées. Il se trouve que je suis handicapé. Et ça peut faire du bien à d'autres mais ce n'est pas ma mission première.
Le slam, je n'en ai pas encore fait le tour. Je n'ai fait que deux albums, j'ai encore plein de choses à écrire, à dire. On me demande d'écrire pour d'autres, j'aime bien, c'est un bon exercice. Après, on m'a déjà proposé d'écrire un peu pour du cinéma ou peut-être même de faire l'acteur, pour l'instant j'ai pas envie, j'ai pas envie de tout mélanger, tout faire en même temps mais je ne ferme la porte à rien. Je me dis: pourquoi pas...

Fondé en 2009 par Grand Corps Malade, le collectif issu des cultures urbaines «Ça peut chémar» a déjà écumé les scènes parisiennes avec son cabaret citadin. L'objectif est de monter un spectacle varié, où se produisent des artistes venant de disciplines très diverses et populaires. Participent ainsi à l'aventure tous ceux qui ont envie de faire partager leur passion ou cherchent à transmettre un message, notamment Grand Corps Malade, Charles Aznavour, Oxmo Puccino ou encore Raf Crew. Le tout en slam, rap, stand-up, human beat-box ou encore en improvisation.
 
La nuit est belle, l'air est chaud et les étoiles nous matent
Pendant qu’on kiffe et qu'on apprécie nos plus belles vacances
La vie est calme, il fait beau, il est 2 heures du mat
On est quelques sourires à partager notre insouciance
C'est ce moment là, hors du temps, que la réalité a choisi
Pour montrer qu'elle décide et que si elle veut elle nous malmène
Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie
Souviens toi de ces sourires, ce sera plus jamais les mêmes
 
Le temps s'est accéléré d'un coup et c'est tout mon futur qui bascule
Les envies, les projets, les souvenirs, dans ma têtes y'a trop de pensées qui se bousculent
Le choc n'a duré qu'une seconde mais ses ondes ne laissent personne indifférent
"Votre fils ne marchera plus', voilà ce qu'ils ont dit à mes parents
Alors j'ai découvert de l'intèrieur un monde parallèle
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
Un monde où être autonome devient un objectif irréel
Un monde qui existait sans que j'y fasse vraiment attention
Ce monde-là vit à son propre rythme et n’a pas les mêmes préoccupations
Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation
Ce monde respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés
On met du temps à accepter ce mot, c'est lui qui finit par s'imposer
La langue française a choisi ce terme, moi j'ai rien d’autre à proposer
Rappelle-toi juste que c'est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin
Et tout le monde crie bien fort qu'un handicapé est d'abord un être humain
Alors pourquoi tant d’embarras face à un mec en fauteuil roulant
Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement
C'est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas
Certains savent comme moi qu'y a des regards qu'on n'oublie pas
C’est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance
Un équilibre fragile, un oiseau dans l'orage
Une frontière étroite entre souffrance et espérance
Ouvre un peu les yeux, c'est surtout un monde de courage
Quand la faiblesse physique devient une force mentale
Quand c’est le plus vulnérable qui sait où, quand, pourquoi et comment
Quand l'envie de sourire redevient un instinct vital
Quand on comprend que l'énergie ne se lit pas seulement dans le mouvement
Parfois la vie nous teste et met à l'épreuve notre capacité d’adaptation
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction
Ce 6ème sens qui apparaît, c’est simplement l'envie de vivre
 
Avec l'aimable autorisation des Éditions Raoul Breton